conseilpresbyteral72@gmail.com

Un pour tous, Dieu pour tous !

Un pour tous, Dieu pour tous !

”  Je fais un rêve ! Et ce rêve, c’est qu’un jour tous les hommes se lèveront et comprendront qu’ils sont faits pour vivre ensemble comme des frères “.

 

Le rêve de Martin Luther King, en vérité, c’est une vision qui vient de Dieu. Elle en a la force d’espérance, la puissance transformatrice.

 

Un pour tous, Dieu pour tous !

Luc 4, v. 16 à 21  (Genèse 4, v. 9 ; Actes 10, v. 34 – 38)

 

En ouverture de ce culte, il vous a été annoncé cette nouvelle toute simple : La grâce et la paix vous sont données par Dieu. Tout simplement données.

C’est une preuve d’amour d’un père pour ses enfants, une patate chaude qui nous reste même après l’avoir partagée. Car notre Dieu est un Dieu de partage, il est un Dieu qui se partage et il en est également ainsi de son enseignement.

Sa grâce n’est pas une récompense que l’on doit gagner puisqu’elle nous est donnée. Elle n’est pas un objet précieux que l’on possède et garde, un trésor que l’on ne doit surtout pas partager au risque de la voir diminuer. Au contraire.

Le trésor matériel diminue quand on le partage, il ne reste pas dans les coffres une fois donné. La grâce, ce trésor immatériel, elle, non seulement reste dans nos cœurs, mais se multiplie chaque fois qu’on la donne à autrui. L’amour, la joie partagés nous restent et se multiplient simultanément, comme un virus bienveillant.

Est-ce que nous devons mériter cet amour, sous peine de le perdre ? Certains le pensent. Personnellement, je vous dirai simplement de le vivre. C’est plus facile. Pas de pression, le vivre tout simplement.

Un dieu qui pousse au mérite est un dieu exigeant, un dieu qui pose en échelle de valeur : qui, dans ce cas, serait plus méritant à ses yeux à ses yeux, parmi les hommes ? Qui peut prétendre faire parti des élus ? Et à contrario, qui seraient les déchus, les laissés pour compte ?

Il faudrait dans ce cas peut-être montrer patte blanche pour lui être présenté, présenter un pass de bonne conduite à valider !!

Mais qui connait assez Dieu pour lui coller cette étiquette ?

Les hommes ont, à travers les âges, tenté de le réduire ainsi à leur hauteur. Rabaisser Dieu pour s’élever permet de justifier les actes que l’on pose en se lavant les mains, comme Hérode : « après tout, c’est arrivé parce que Dieu l’a voulu. Je le sais, lui et moi sommes connectés ». J’ignore la douleur de mon frère car s’il souffre, qu’y puis-je ? C’est Dieu qui l’a voulu… Vraiment ?

Je vous le demande : est-ce ce Dieu que vous et moi sommes venus prier ce matin ? Est-ce ce dieu de l’indifférence, ce dieu à échelle graduée que nous louons ce matin ?

 

« Suis-je le gardien de mon frère ? » Mais de quel frère parle t-on ?

De celui qui partage la même mère que moi, de celui qui me ressemble, de celui qui pense comme moi ?

Et que fait-on des autres ? Que fait-on de ceux qui peuplent la terre ? Ces millions, ces milliards de personnes qui partagent le même air que moi sur cette boule de vie  ne partagent pas forcément ma foi ?

Dieu aurait il été assez fantasque pour créer d’inutiles copies de lui, pas du tout à son image pour certains, pour parasiter la vie des élus,  fidèles reflet de cette image ?

Quelle arrogance de se prendre pour des dieux !!

Une catastrophe microscopique au loin, un virus si petit qu’on ne peut le voir à l’oeil nu, a suffi à nous remettre à notre place, à réduire à néant cet orgueil insensé ! Il aura au moins permis de nous ramener à l’essentiel, à qui nous sommes et à ce qui compte vraiment.

Nous sommes enfants de Dieu !

De fait, la vérité admirable est la suivante : Dieu est pour nous. Nous sommes candidats au salut en vue de la vie éternelle et Dieu seul a le droit d’en décider. Et figurez-vous qu’il vote pour nous ! Nous pouvons être assurés de notre destin éternel, car Dieu est de notre côté ! C’est là une bonne nouvelle étonnante, mais vraie. A nous de l’accueillir, de la confirmer par notre réponse à Jésus-Christ et au message de l’Evangile. A nous de la matérialiser dans notre vie, tous les jours.

 

Etonnante nouvelle, car le Dieu saint et éternel n’a aucune raison d’être pour nous. Il aurait même toutes les raisons de nous juger insuffisants. Et cependant, il nous fait grâce. Dieu lui-même nous accepte. N’est-ce pas incroyable ?

Le Christ nous l’a répété :

La grâce et la paix vous sont données en abondance. Le pardon de Dieu, son affection, son amour et sa bienveillance éternelle nous sont offerts éternellement, sans contrepartie. Et cette grâce béni et purifie toute l’humanité. Alors, enfants de Dieu, partagez à votre tour cette bonne nouvelle, à tous sur cette terre.

 

Et seconde partie de cette prédication, je voudrais partager avec vous un texte d’Emmanuelle Seybolt, la présidente du conseil national.

 

Qu’est-ce que Dieu a rendu pur ? Tous les humains, enfants, femmes, hommes, pour lesquels le Christ est venu. Le Christ n’est pas venu seulement pour quelques-uns, triés selon des critères variables selon les époques. Il est venu pour tous. Quand il croise les lépreux, il ne craint pas de s’approcher d’eux pour les guérir. Et il ne fait aucun reproche à la femme souffrant d’hémorragie qui l’a touché pour être guérie, alors même que les règles de pureté de son temps lui interdisaient d’être présente dans la foule. Jésus contrevient à tous les interdits pour rejoindre les hommes et les femmes de son temps et être rejoint par eux.

Au gré des siècles, les sociétés ont érigé des murs de séparation entre les humains : esclaves et hommes libres, juifs et non-juifs, croyants et non-croyants, hommes et femmes, blancs et noirs, hétérosexuels et homosexuels… la liste des discriminations s’allonge selon les pays et leur histoire. Le Christ est venu mettre à bas tous ces murs, pour réconcilier l’humanité avec Dieu et lui ouvrir un avenir.

Ces derniers mois, un nouveau mur s’est élevé, inattendu : entre les vaccinés et les non-vaccinés, les anti-pass et les autres. Invectives, agressivité, rejet, les propos sont durs de part et d’autre, excluants. Des familles se déchirent, des amitiés se brisent, la raison a déserté même les plus raisonnables.

Devant tant de violence, on reste sans voix. Les ingrédients « pandémie + peur de la mort + virus inconnu + mondialisation des échanges + amplification de toutes les opinions par les réseaux sociaux » forment un cocktail détonnant. Et jeter de l’huile sur le feu de la division, l’histoire nous montre que ça marche très bien !

Que dire, que faire ? La maladie, la mort éveillent en l’être humain la culpabilité. La question des disciples à Jésus, dans l’évangile de Jean au chapitre 9, dit bien cette peur humaine : « qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? ». Quand la maladie survient, l’humain cherche la faute. Jésus s’oppose fortement à cette superstition en guérissant l’aveugle de naissance et en dénonçant l’aveuglement spirituel. La maladie fait partie de la vie, comme la mort fait partie de la vie. Il n’y a pas de vie sans maladie, handicap, faiblesse, fatigue… Une vie sans douleur est une illusion, peut-être même une idole. Le Christ ne s’est pas présenté en héros tout-puissant. Il a eu soif, il est tombé sous le poids de la croix. Il a souffert et il est mort. Il n’a pas évité les épreuves.

Nul n’est coupable d’être malade, ni le vacciné, ni le non-vacciné.

La peur est irrationnelle : que ce soit la peur du vaccin ou la peur de la maladie. Mais l’écoute sans jugement ouvre un espace où la peur peut se dire et être apaisée.

Parce que Dieu a rendu pur tout être humain, l’Église doit dire et redire que chacune et chacun est bienvenu dans la communauté humaine, et dans la communauté chrétienne. Que nos communautés sachent rester des lieux d’écoute et de non-jugement dans cette épreuve, et qu’elles restent fermement ancrées dans l’espérance. Christ a vaincu la mort !

 

*

 

En vérité, je le comprends, pour Dieu il n’y a pas de considération de personnes  (actes 10, 34).

Il y a encore sur la terre des hommes droits qui ont soif d’entendre et de recevoir l’Evangile. Il y a encore sur terre des êtres humains qui rêvent de fraternité et de paix. Nous pouvons et nous nous devons d’être ces messagers de paix, pour tous les hommes.

Amen

 

Yves Madiba, prédication du 6 février 2022.