conseilpresbyteral72@gmail.com

L’amour, toujours l’amour…

L’amour, toujours l’amour…

Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ notre Seigneur. Romains 8, 35-39

 

Voilà, en quelques mots, une  annonce fondamentale que l’Église, c’est à dire chacun de nous qui la composons, a pour mission de porter au monde, une annonce que le monde attend de nous. Cette annonce est celle de l’amour de Dieu. Mais sommes-nous réellement imprégnés de cette bonne nouvelle ? Fait-elle partie de nos vies ? Parce qu’entre nous, il serait facile, voire logique, d’avoir un problème avec l’« amour de Dieu »…

Regardez le monde dans lequel nous vivons !  Il est de plus en plus difficile d’y croire à l’amour.

Chaque jour est marqué par le sceau du malheur, du désespoir. Suivez le 20H et vous serez saisis de l’humeur générale dans laquelle la télévision par exemple nous envoie nous coucher le soir. On nous parle de Covid, de malades, d’hospitalisations, de guerres, de puissants qui jouent à « c’est moi le plus fort » avec la vie d’autrui.

Beaucoup de nos contemporains sont frappés de désespérance, de désespoir, de déprime. Les raisons en sont plus ou moins réelles, parfois bien réelles. Les conséquences en sont plus ou moins graves, parfois très graves. Certains arrivent à dépasser ce moment, d’autres pas.

Pour ceux-ci, la vie ne semble plus avoir d’issue. Impossible de faire face. Impossible de contourner un obstacle inévitable. Impossible de fuir. Car faire face, comme contourner, comme fuir, suppose de pouvoir imaginer un après, d’avoir un quelconque espoir, une espérance. Or, tout leur paraît fermé, bloqué. L’impasse, le cul-de-sac, la voie sans issue. Ou plutôt, sans issue acceptable. Les renoncements seraient insupportables. Certains refusent de vivre pour ne pas avoir à se regarder dans un miroir. Ils pensent que, si eux-mêmes ne se supportent plus, les autres ne les supporteront plus non plus. On se rejette soi-même par peur du rejet des autres.

Alors certains arrêtent tout.

Oui, mais voilà, une fois que c’est fait, impossible de repartir, de recommencer.

C’est là que se place le message de l’Evangile. Il est possible de dire : On efface tout et on recommence. Sans abandonner. Le salut, c’est l’espérance. C’est : demain possible. Malgré tout.

Car je suis assuré que ni mort, ni vie, ni anges, ni principautés, ni choses présentes, ni choses à venir, ni puissances, ni hauteur, ni profondeur, ni aucune autre créature, ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu, qui est dans le Christ Jésus, notre Seigneur.

C’est une autre manière de voir la vie. L’espérance, la certitude au lieu du désespoir, de l’abandon. Qu’est-ce donc que ce salut, cet amour dont nous parle Paul, dont nous parlent les évangiles, que proclame l’Eglise depuis bientôt presque deux millénaires ?

L’amour de Dieu pour nous. C’est la bonne nouvelle qui soutient et explique toutes les autres.

On discute souvent, à n’en plus finir, pour savoir si Dieu existe.

Certes, il y a ceux qui disent qu’il n’existe pas. Eux, ils n’ont pas de problème avec lui. Ils se passent de son salut. Leur espérance se passe en dehors de lui. Leur raison de vivre aussi. Leur raison de continuer à vivre aussi. Tant qu’ils en ont.

Et puis il y a les autres.

Ceux pour qui Dieu est le créateur de notre univers, le créateur de l’homme (avec un grand H pour être humain). Et cet homme, il l’a créé libre. C’est-à-dire avec la possibilité de vivre loin de lui, sans lui. Et c’est ce que l’homme a fait. Et pourtant, cet homme continue d’être aimé de Dieu, sans lui être assujetti. Mais voilà, cet amour, il l’ignore, il le refuse parfois.

Quand on ne connaît pas cet amour, on cherche d’autres issues, qui se révèlent plus illusoires les unes que les autres. On peut y perdre ce qu’on croyait gagner et la peur remplace la confiance. Pour ne plus penser aux dangers, pour échapper aux tourments d’une société qui multiplie les risques, on cherche à ne plus y penser. On noie son chagrin dans des distractions éphémères. Et quand le danger s’impose, même à l’inconscient, on cherche à le concrétiser en créant des objets dangereux, des autres dangereux, qu’on s’efforce ensuite d’éliminer. C’est ainsi que naissent les racismes. L’autre, l’étranger, est le bouc émissaire qui concrétise le risque. La haine, le rejet, l’expulsion, sont des moyens de conjurer la menace et de se prémunir contre les atteintes supposées aux individus ou à la société.

Quand l’apôtre Paul propose comme solution l’amour de Dieu, il part d’un fait. Il voit cet amour manifesté dans la croix de Jésus-Christ. Pas besoin de raisonnement pour prouver l’amour de Dieu. D’ailleurs, quelle logique pourrait jamais démontrer à quelqu’un qu’on l’aime ? L’amour ne se prouve pas par des paroles, il se manifeste par des actes.

Dieu a, par un signe frappant, voulu démontrer à l’humanité jusqu’où allait son amour. Le Fils de Dieu est devenu LE FILS DE L’HOMME, parmi les hommes. Il a vécu parmi eux, est mort, est ressuscité. Sa vie, son ministère, ses paroles, sa mort, sa résurrection, nous parlent de l’amour de Dieu pour l’humanité, pour chacun de nous.

Aux obstacles qui viendraient se dresser entre l’enfant de Dieu et Dieu, Paul nous propose de parler du rocher sur lequel est fondée notre foi, de cet amour prodigieux qui finit par tout aplanir.

Cela semble si facile, si pratique et agréable…  De bien belles paroles auxquelles on pourrait répondre : « Cause toujours, tu m’intéresses. Moi je sais ce dont je souffre et ton laïus ne m’aide pas ! »

Pourtant,… C’est peut-être la chose la plus difficile qui soit, pour nous, tant nous avons du mal à croire vraiment que Dieu nous aime.

Dieu ne nous exempte pas des peines de la vie. Mais, dans la peine, Il se tient près de nous. Si terribles que puissent être les peines qui vous assaillent, aucune ne pourra vous séparer de la communion avec Dieu. Nous sommes “plus que vainqueurs” au sein même des pires épreuves.

Triompher d’un obstacle, permet d’éprouver la grâce de Dieu, permet d’en tirer un surcroît de joie. Au lieu de chercher avant tout à supprimer nos détresses, sachons en tirer ce surcroît de joie. Par Celui qui nous a aimés, nous sommes plus que vainqueurs, non pas en dépit de nos détresses, mais grâce à elles, au sein même de nos misères. “Je déborde de joie, dit Paul, au milieu de toutes mes épreuves.”

Pourtant le monde, les hommes et les femmes de ce temps, ont besoin de réapprendre ce qu’est l’amour comme ils doivent savoir que Dieu les aime… Et, personne, mieux que les disciples du Christ que nous sommes, n’est en mesure de leur apporter cette bonne nouvelle.

 

Alors, allez leur dire…

Dites-leur qu’effectivement, nous sommes tous, tous sans exception, tous quoiqu’il nous arrive, nous sommes tous aimés par ce Dieu qui aime jusqu’à la mort de la Croix. Nous sommes tous aimés par ce Dieu qui nous révèle ainsi, qu’en effet, il n’y a de grandeur, il n’y a d’existence authentique, que dans ce vide total que l’on fait de soi en faveur de l’autre. Et c’est cela qui est le cœur du cœur de notre cœur, de notre expérience, le cœur du cœur de nos relations avec nous-même, comme de nos relations avec les autres. C’est là que la Croix prend tout son éclat et toute sa magnificence.

Faites leur comprendre que l’éclat de La Croix, la crucifixion du Christ, c’est de nous faire comprendre que l’Amour de Dieu ne peut rien s’il ne rencontre pas notre amour.

Alors faites lui une place. Et sachez que même si vous refusez de le faire, il ne cessera jamais pour autant de frapper à la porte de votre cœur.

Comme Jésus nous le rappelle, le Père nous connaît. Il nous aime, il sait ce dont nous avons besoin. Il sait ce qui nous préoccupe. Nous ne sommes pas seuls, abandonnés à nous-mêmes. Nous ne sommes pas seuls, tout ne dépend pas de nous, mais nous avons notre part dans la conduite de notre vie et de celles des autres. Nous sommes partenaires.

Parce que Dieu est là, parce que le Royaume est au milieu de nous, nous pouvons affronter ce qui nous soucie dans un double état d’esprit de confiance et de coresponsabilité.

 

Sachant cela, il est maintenant possible de se regarder en face, de regarder l’avenir. Car Dieu nous regarde, chacun de nous, avec les yeux de son amour. Alors prenons cet avenir à bras le corps. Ne le refusons pas pour quelque prétexte. Parce qu’une fois engagé dans la vie de Dieu, vie qui commence ici et maintenant, nous recevons cette assurance que nous donne cet incroyable amour.

« Tourne ton visage vers le soleil, et les ombres tomberont derrière toi », dit un proverbe éthiopien. Je vous dirai simple ceci : « Tourne toi vers la lumière du Christ et ton inquiétude se couchera comme une ombre derrière toi. »

Le contraire du souci n’est pas l’insouciance mais la confiance.

Alors « Ne vous inquiétez pas, car rien, oui rien, ne pourra vous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ. »

Amen.

Yves Madiba, prédication du 23 janvier 2022.